Quelle Ville pour demain ? (Épisode 2)

Tous ensemble pour réinventer la ville !

Alors que nous faisons aujourd’hui face à une multitude de défis, aussi bien sanitaires que socio-environnementaux, il est devenu indispensable et urgent de revoir notre manière de penser la ville, mais aussi d’y vivre et d’y fonctionner en société.

Toulouse Métropole a mandaté COMM1POSSIBLE pour mener une enquête qualitative auprès de 55 acteurs de l’écosystème de la Smart City afin d’établir le bilan des cinq années de travail autour du projet l’Open Métropole, mais surtout de récolter leur vision d’avenir pour la Ville de demain et de concevoir de manière collaborative la prochaine feuille de route 2021-2026 de la Smart City Toulouse.

Au travers de cette série d’articles, nous avons souhaité partager au plus grand nombre les enjeux et les questionnements qui sont ressortis de l’enquête comme fondamentaux pour la construction collective de la ville de demain.

Si la ville d’aujourd’hui a la nécessité de se réinventer, la ville de demain apparaît alors comme un grand projet collectif. Pour répondre aux besoins de tous les habitants, il ressort un besoin essentiel de rendre la concertation et la participation citoyenne non seulement possibles, mais largement facilitées.  Aussi, il s’agit de lever un certain nombre de barrières pour permettre une co-construction entre tous les acteurs et ainsi répondre aux besoins de l’ensemble des habitants, et pour cela il ressort une nécessité de rendre la ville inclusive et d’offrir une place de choix à la participation citoyenne.

Longue vie à la participation citoyenne ! 

« C’est l’idée d’avoir les citoyens au centre et je pense que les gens attendent d’être impliqués dans les politiques publiques et dans la manière dont on développe la ville, pas seulement tous les quatre ans au moment des élections. », nous confie Jan Frederik Lockert, du Département de Business Developpement et de la Propriété Publique pour la ville d’Oslo. « On ne peut pas trouver les bonnes réponses seuls, on doit le faire tous ensemble ».  Dans la démarche d’une création collective de la ville, la participation des habitants s’avère être un élément fondamental pour agir de manière démocratique.

Le citoyen apparaît alors comme un acteur à part entière qu’il faut impliquer pleinement dans la démarche, avec une notion de “Smart deal“ qui serait un deal entre les habitants, leur ville et les élus et qui permettrait à chacun de lancer des projets, d’expérimenter, dans un cadre bienveillant. Cela implique alors une certaine transparence dans l’information et dans la démarche globale, comme l’explique Philippe Rigal, membre du tiers-lieu Imaginations Fertiles à Toulouse : « Si on implique les citoyens dans des démarches, il faut leur donner de la visibilité, de la transparence […] quand on ne sait pas, de dire qu’on ne sait pas, mais en tout cas de l’afficher clairement quand on lance des processus démocratiques.»

« Il y a un vrai changement de paradigme que doit avoir la métropole, non plus initiateur, mais facilitateur: je laisse les “clefs de la maison” en faisant confiance, avec des grandes règles, pour que tous les acteurs puissent s’engager. », nous rapporte Arnaud Thersiquel, Directeur de l’hébergeur d’entreprises At Home. Cette facilitation peut se traduire par des projets ouverts où le citoyen peut s’impliquer directement, ou encore des budgets participatifs permettant aux habitants d’être eux-mêmes des initiateurs. La participation permettrait non seulement de faire valoir les savoirs et les compétences de chacun, mais aussi d’apporter de la transparence aux processus, de favoriser une meilleure appropriation des initiatives et de mettre en place des solutions bien plus adaptées au territoire et à ses usages.

La ville inclusive et accessible à tous

« Le risque des Smart City c’est la fracture. Vous avez les gens qui sont du bon côté, qui vont s’adapter et puis vous avez des gens qui sont de plus en plus décrochés», déclare Fabienne Cresci, Directrice générale des services à Tisseo Collectivités. « Le risque c’est d’un côté d’œuvrer pour une ville qui est apaisée, qui est au service de tous, qui facilite, à une ville qui va vers des risques insurrectionnels de gens qui n’y sont pas. » Au sein même de la ville, une partie de la population se trouve donc exclue des possibilités et des services qu’elle a à offrir.Ces inégalités au sein de la ville exclue une partie de la population des possibilités qu’elle offre et si rien n’est fait, cette distance ne fera que s’accentuer. Il devient donc fondamental de construire une ville mixte, accueillante, et inclusive pour toutes les populations et les catégories d’habitants.

Chacun des habitants de la ville doit non seulement pouvoir subvenir à ses besoins essentiels assouvis, mais doit également y trouver la possibilité d’y vivre bien partout. Cela implique par ailleurs une action sur le logement, en repensant son espace et sa structure au bénéfice des habitants et ainsi de permettre à tous de vivre de dans des conditions confortables, comme l’évoque François Magne, Directeur Régional Action Logement Occitanie : « Le logement de demain, s’il est effectivement éminemment résilient, il pourra accompagner finalement les populations au mieux. Ne construisons pas non plus un modèle au détriment des plus précaires, des plus modestes. »

Cette idée d’inclusion amène aussi à favoriser l’interaction dans la ville, à faciliter la rencontre et l’échange : « Il s’agit de fabriquer des mètres carrés interactionnels, des mètres carrés de bonheur, que ce soit dans le bâti, ou dans l’espace public », souligne Sonia Lavadinho, Directrice-fondatrice de Bfluid. « Il y a des villes qui font ça de manière extrêmement forte, je pense notamment à Bilbao où, pour chaque nouvelle opération urbaine, il y a une règle d’urbanisme qui implique que vous allez créer au moins 50% d’espace public et dans cet espace public, vous allez vraiment faciliter les interactions. »

Là encore, cette interaction sociale ne devrait faire aucune exception vis-à-vis des habitants, comme le défend Carlos Moreno, Professeur associé Paris-Sorbonne, directeur scientifique de la Chaire ETI :« Je pense que la ville de demain doit être capable de créer, non pas de la distanciation sociale, mais de l’intensité sociale. Et l’intensité sociale, on ne peut pas la donner à quelques privilégiés, il faut qu’elle soit pour tous et partout dans la ville »

La part belle au collectif

« Il faut donner des espaces d’expérimentation qui sont des collaborations entre tous les acteurs du système et qui sont à l’extérieur de tous les règlements et fonctionnements qui nous figent, d’être dans imaginer d’autres possibles », nous déclare Samantha Slade, Cofondatrice du réseau international Percolab. Ces espaces d’expérimentations permettraient ainsi de faciliter la naissance de projets collectifs et de donner des moyens d’actions à tous les acteurs de la ville.

 « C’est la capacité à horizontaliser un certain nombre de rapports. C’est-à-dire faire en sorte qu’il y ait une intelligence collective qui se crée avec tous les contributeurs », nous dit Olivier Landel, Directeur général de France Urbaine. « Plutôt un rôle de concentrateur, d’opérateur de consensus, de mise en commun de normes, c’est pour moi d’abord ça le rôle qu’on attend d’une ville, d’une Métropole. » Dès lors, les processus de co-construction et de concertation permettrait de créer du lien, d’échanger et l’intelligence collective qui en émerge permettrait de travailler dans la même direction sur la fabrication de la ville.

« La ville de demain elle se construira collectivement et effectivement dans une discussion avec des allers-retours, avec des erreurs, et qui pourra être une ville évolutive, tout ce qui est le propre de la construction humaine », nous dit François Magne, Directeur Régional d’Action Logement Occitanie. Il y a donc l’idée d’avancer avec un idéal et des valeurs en commun : « Je pense qu’il y a une place pour décrire et proposer un projet qui soit empreint d’humilité, parce que l’on aura l’impression de ne pas être exclus de quelque chose. Cette humilité-là, c’est la vraie modernité. Tout ce qui sera prétentieux perdra du monde.», imagine Dominique Pon, Directeur général de la Clinique Pasteur (Toulouse).         

La participation des citoyens et la co-construction apparaissent comme des déterminantes incontournables dans le fonctionnement de la ville de demain, chacun pouvant s’impliquer dans les projets collectifs. L’idée étant que la ville développe un caractère inclusif pour tous ses habitants et qu’elle réponde à leurs besoins de la manière la plus intelligente possible. Mais s’il est évident qu’il nous faut prendre une direction commune, comment doit-on aborder les grandes problématiques environnementales qui nous font face ?

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